Grossesse cachée
Une jeune dame se présente à mon bureau et me demande si je veux la suivre durant sa grossesse et l’accoucher, tout en affirmant qu’elle était un cas très particulier. Elle me dit « Je suis enceinte d’environ trois mois, personne dans mon entourage n’est au courant. Je demeure, maintenant, dans une autre région où je ne suis pas connue et je ne sors que la nuit. En un mot ajoute-elle je vis en catimini. J’aimerais, si cela est possible, vous faire mes visites seulement le soir et à la fin des consultations. De plus je veux accoucher dans un hôpital privé (ce qui était possible à l’époque) »
J’accepte ses conditions et on convient qu’elle viendrait à tous les premiers lundi du mois. La naissance d’un beau bébé en parfaite santé a lieu à cinq heures du matin le jour prévu. Dans l’après-midi, en arrivant au bureau, je reçois un appel téléphonique. C’était une voix féminine qui me demandait si mademoiselle « une telle » avait accouché d’un garçon ou d’une fille? J’ai rompu la conversation sans dire un seul mot. Je n’en revenais tout simplement pas. Cette jeune fille avait vécu six mois dans une chambre, ne sortant que la nuit et, quelques heures après son accouchement les mauvaises langues et les médisances se manifestaient. Quand j’ai rapporté ces faits à la jeune maman, elle m’a dit d’une voix qui semblait venir du coeur: « Je crois savoir qui a fait l’appel.»
Bébé espéré ?
Il arrive, parfois qu’une grossesse ait un cachet particulier et un peu énigmatique. Une dame à la démarche altière, au verbe châtié, et comme dirait Honoré de Balzac : «Une beauté grêle et pour ainsi dire aristocratique » se présente à mon bureau.
Elle me dit : « Je suis enceinte et un ami m’a fortement recommandé de vous choisir pour me suivre durant ma grossesse et m’accoucher. » Je lui dis que je n’avais aucune objection et lui explique comment je procédais dans ces circonstances : visites mensuelles, examen des urines, questionnaire sur l’évolution de la grossesse etc.
Cette jeune dame venait toujours seule, parlait peu et avait un petit quelque chose d’intrigant. Je n’ai jamais pu obtenir de renseignements sur son genre de vie, son milieu social et son entourage. Même lors de l’accouchement elle était seule, le tout s’est bien passé et elle sembla très heureuse de la naissance de son fils. Deux jours plus tard, elle quitta l’hôpital et je ne l’ai jamais revue.
Un an, après ces événements je reçois une missive « personnelle et confidentielle » me demandant de confirmer que j’avais accouché la dite madame, tel jour, à tel hôpital et que le bébé était de sexe masculin. C’était le père qui voulait que sa paternité soit reconnue légalement.
Ce fut pour moi une grande surprise de constater que le père en question était un de mes amis d’enfance et qu’en plus il était médecin.
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