Théâtral
Il arrive, parfois, que des gens mettent fin à leur vie d’une façon plus théâtrale et loin des leurs. C’est ce que j’ai réalisé lorsqu’on m’a demandé d’aller constater un décès dans une maison de chambre pour touristes. En arrivant la propriétaire me raconta que sa cliente, habitant chez-elle depuis quatre jours avait eu un comportement étrange. Elle disposait d’une somme d’argent considérable, plus de mille dollars, elle était sortie une seule fois pour, m’a-t-elle dit, visiter la ville mais elle est revenue, peu de temps après, avec deux bouteilles de boisson qu’elle ingurgita rapidement. Les vapeurs de l’alcool la tinrent dans un état d’ébriété avancé. Quand elle manquait de ravitaillement, elle faisait venir un chauffeur de taxis lui disait de prendre de l’argent dans sa bourse et de lui rapporter d’autres bouteilles de son merveilleux liquide qui la maintenait dans son état extatique. Cette beuverie solitaire avait une raison d’être et se termina tragiquement.
Dès mon arrivée à l’auberge, on me conduisit à la salle de bain où je vis une scène des plus tragiques, c’était d’une atrocité et d’une horreur insoutenables. Sur le sol une femme très corpulente mesurant environ six pieds et pesant dans les deux cent livres gisait dans son sang, les deux poignets entaillés, les yeux fixes, la tête coincée entre la baignoire et le lavabo. Les murs étaient éclaboussées de sang : la mort avait fait son œuvre.
C’est un tableau que je n’oublierai jamais. Par la suite je m’informai auprès de la police. On m’a dit que la famille de la malheureuse, qui habitait un état du sud des États-Unis avait réclamé le corps et qu’il s’agissait vraisemblablement d’un suicide consécutif à une peine d’amour.
Mère d’un suicidé
Je me demande parfois si les suicidés poseraient leur geste irréparable s’ils pensaient à ceux et celles qu’ils s’apprêtent à quitter. Après Noël, une patiente prostrée se présente à mon bureau et ma raconte sa dramatique histoire. « Mon mari, dit-elle est décédé d’un cancer en novembre dernier mais j’ai décidé, quand même de préparer, comme je l’ai toujours fait, le réveillon de Noël. Mon fils qui était dépressif depuis la mort de son père est venu m’aider à préparer le repas. Durant tout l’après-midi il fut on ne peut plus aimable, racontant des blagues, maniant la plaisanterie et l’humour tout en créant une atmosphère de franche gaîté qui nous permit, pendant un moment, d’oublier notre deuil. En me quittant, il m’a dit qu’après la messe de minuit, il viendrait réveillonner avec nous.
Hélas, il en fut tout autrement car il se suicida durant la soirée. » Ces drames sont vraiment difficiles à vivre pour une mère aimante et généreuse envers ses enfants et il faut plus que de la compassion pour l’aider à vivre des moments aussi tragiques.
0 Comments:
Publier un commentaire
<< Home