La présentation de ma première patiente à l’hôpital fut très différente, en voici la description.
La première patiente que j’ai hospitalisée, était une dame riche qui m’avait demandé de lui réserver une suite. Je me rends au bureau des admissions de l’hôpital et à ma grande surprise, dès que j’ai donné le nom de la patiente et exposé son désir on me répond : « avec plaisir docteur ». Le lendemain matin je me présente à la suite; madame était installée dans le salon et m’attendait, avec un beau sourire.
La jeune fille de cette dernière, qui était présente, me déclare avec un snobisme éhonté : « J’ai appris, docteur, que votre bureau de consultation est situé à la basse ville ! C’est dommage, qu’après de si belles études vous consacriez vos énergies auprès du Bas Peuple » Insulté, je lui ai répondu : « mon intention, madame, n’est pas de traiter des snobs mais des malades quel que soit leur lieu de résidence. » Elle était la digne fille de sa mère qui, lors d’une réception mondaine, s’était vantée d’avoir marié toutes ses filles à des professionnels. Il faut comprendre que tout cela se déroulait il y a 60 ans.
Aujourd’hui, j’aimerais rencontrer cette personne, qui est certainement devenue une grande dame, pour lui dire que les plus beaux moments de ma pratique médicale ne furent pas lorsque, le 24 juillet 1967, je fis partie de l’équipe médicale qui accompagna le général De Gaulle, lors de sa redonnée de Québec à Montréal et qui se termina par le fameux « Vive le Québec libre ». Ni quand le président d’une grande institution financière entrait dans mon cabinet de consultation ; mais bien ceux ressemblant à celui où je suis entré dans un taudis pour accoucher une courageuse maman et ai constaté que le garde-manger était vide. Que le menu de la journée était sur la table de la cuisine. Il s’agissait d’un grille-pain, d’un pain et d’un pot de beurre d’arachides. À tout instant, un enfant entrait, se faisait une rôtie sur laquelle il étendait…. du beurre d’arachides, la mangeait et retournait jouer dans la rue. Après l’accouchement, je me suis arrêté à l’épicerie du coin et fait parvenir un panier de provisions à la malheureuse famille.
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