Avais-je vraiment le choix?
Il m’est arrivé, un jour, de boire sous pression une bière qui n’en était pas.
Une de mes patientes me téléphone, alors que je terminais mon souper, pour me demander de me rendre immédiatement chez-elle, pour traiter son ami qui s’était gravement blessé à la main. En arrivant à la maison, je constate que l’ami à l’haleine accusatrice, mesurait environ six pieds et cinq pouces et pesant au moins 325 livres, un vrai mastodonte. Il avait la main droite enveloppée dans une serviette de bain.
Il enleva le précaire pansement, et je vis qu’il avait une profonde entaille d’environ trois pouces à la paume de la main. Il m’expliqua, qu’ayant eu une saute d’humeur il avait déposé, un peu brusquement sur la table, un verre de bière qui s’était brisé et que les éclats lui avaient coupé la main.
Je lui expliquai qu’il devrait se rendre à l’hôpital où on lui réparerait le tout sous anesthésie. Il me répond, sur un ton autoritaire : « Je t’ai pas fait venir ici pour me donner des conseils, mais pour réparer ma plaie ». J’essayai de lui faire comprendre que je n’avais pas le matériel nécessaire pour faire une anesthésie locale convenable. Ne me laissant pas le temps de finir mon argumentation, il se leva et dit d’une voix de stentor : « Tu fais de la chirurgie, tu es capable de coudre ma plaie ». Je répondis affirmativement. Alors continue-t-il « L’anesthésie c’est pas ton problème, c’est le mien, me prends-tu pour une poule mouillée? Fais le job et t’occupe pas du reste »
Devant des arguments aussi convaincants, je déballai ma trousse médicale qui contenait un nécessaire à chirurgie plutôt sommaire. Je m’appliquai à faire, sous anesthésie locale rudimentaire, la ligature des vaisseaux qui saignaient et une suture que j’ai plutôt bien réussie.
Alors, notre matamore se lève, me donne la main (gauche) et me dit « Je te félicite, t’es un bon doc, t’as fait un beau job. Se tournant vers son amie, il lui dit : « sers au Doc un verre de bière, il l’a mérité ». Je le remercie en lui disant que je ne désire pas prendre une bière si tôt après mon souper. Je me lève pour quitter les lieux. Mais d’un geste brusque et des plus inattendu, il me rassoie sur ma chaise.
Pendant cette manifestation subite et burlesque d’amitié, le verre de bière était apparu sur la table. C’est ainsi, que sous pression, j’ai bu une bière qui elle ne l’était pas.
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