Un nœud gordien
« Je veux vivre avec des regrets non avec des remords. » J. Renard
Parmi les situations particulières que j’ai vécues en voici une qui m’a grandement touché et qui demandait beaucoup de courage, de maturité et de volonté de la part d’un homosexuel avec une propension malheureuse à la pédophilie.
Ces évènements sont survenus à l’époque où l’adoption des enfants était plutôt facile. Le gouvernement avait organisé un service de sauvegarde de l’enfance. Cet organisme s’occupait, tout particulièrement des enfants abandonnés. Ainsi si on accouchait une fille mère et que celle-ci ne voulait pas ou ne pouvait pas prendre charge de l’enfant, le nouveau-né était confié à cet organisme qui s’occupait du placement du bébé. En qualité de médecin accoucheur, il nous était facile de présenter une famille adoptive. Suite à une rigoureuse enquête et si tous les critères étaient respectés, l’adoption se réalisait à la satisfaction des deux partis. C’est une procédure que j’ai employée à quelques reprises et qui a donné dans tous les cas, d’heureux résultats pour l’enfant, la jeune mère et la famille d’accueil.
Voici la délicate situation dans laquelle je fus placé. : Des parents, à qui j’avais facilité l’adoption d’une petite fille quinze mois auparavant, décident d’adopter un autre enfant afin de pouvoir, disent-ils, élever les deux en même temps.
Avant de prendre une telle décision, le père vient me voir et m’explique sa triste et très particulière situation. « Ma femme, me dit-il, veut absolument adopter un garçon. Je ne puis sous aucun prétexte accepter cette suggestion et voici pourquoi : Je suis homosexuel avec une forte tendance vers la pédophilie. Je sais que si nous adoptons un garçon, un jour ou l’autre, il arrivera un malheur et je le violerai. Ce que je ne peux envisager. »
Nous discutons longuement de ses tendances à la pédophilie. Il était évident, et ceci de son propre aveu, que devant un jeune garçon, ses instincts pervers devenaient très difficiles à contrôler. Nous concluons que la seule solution à ce scabreux problème serait qu’il vienne à mon bureau avec son épouse afin qu’on discute de l’adoption sans jamais faire allusion à l’homosexualité.
La rencontre eut lieu. J’exposai à la mère qu’il serait préférable qu’ils adoptent une autre fille afin qu’elles évoluent ensemble, partagent les mêmes jeux et les mêmes activités et qu’elles s’épanouissent en une sorte de symbiose. Si un garçon était dans le décor, sa seule présence pourrait être la source de perpétuels conflits durant leur enfance et tout particulièrement à l’adolescence.
Heureusement, je fus assez convaincant. Quelques mois plus tard ils adoptèrent une petite fille. Les deux enfants connurent une vie heureuse et sont toutes deux devenues mères de famille à leur tour.
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