Circoncision
Dieu dit à Abraham (âgé de 99 ans) : « Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera pour signe de l’alliance entre moi et vous »
(Genèse, XVII, 11)
En catimini
Il arrive, parfois, que des patients nous fassent des demandes un peu saugrenues. Un homme d’une cinquantaine d’années se présente à mon bureau et me raconte son histoire. « Je suis veuf, j’ai l’intention de me remarier et je veux être circoncis (il en avait vraiment besoin) avant que ma future épouse ne prenne connaissance de mon handicap. De plus je veux que le tout soit fait dans la plus stricte intimité. » Il insista pour que l’intervention soit faite à mon bureau, en dehors des heures d’ouverture et en l’absence de mon infirmière. Je lui explique que faire cette opération dans de telles circonstances comporte un certain risque. « Qu’importe, dit-il, je veux absolument être circoncis et ceci en catimini. »
J’accepte le défi. Quelques jours plus tard je réalise l’intervention avec succès. Il en fut très heureux et manifesta sa joie avec ostentation. Devant une telle satisfaction, je ne pus m’empêcher de lui demander : « pourquoi il avait insisté pour que tout soit fait avec tant de discrétion. » « Je voulais que personne ne soit au courant, d’autant plus que mon fils est un de vos confrères » (ce que j’ignorais).
Dans mon for intérieur je me suis dis : Jean-Jacques Rousseau avait raison « Le signe le plus assuré du vrai contentement d’esprit est la vie retirée. »
Manquée
Hélas! Toutes les circoncisions ne sont pas aussi gratifiantes. Un jeune homme âgé d’environ 18 ans se présente à mon bureau et me demande si je pouvais le circoncire. Je lui dis que la majorité des garçons n’ont pas besoin de cette intervention chirurgicale et que c’est probablement son cas, Il m’explique qu’il va se baigner régulièrement dans une piscine publique et que la grande majorité des gars le sont. Je l’examine et constate qu’il est parfaitement normal qu’il n’a aucunement besoin de cette chirurgie et que je n’en ferais certainement pas une par complaisance.
Il quitte le bureau franchement désappointé. Environ une heure après, alors que ma salle d’attente était bondée de patients et que j’étais en consultation avec une malade, ma réceptionniste me dit que le jeune homme est revenu et qu’il semble être en très mauvaise condition. Il est pâle, transpire énormément, semble souffrant, elle croit que je devrais le voir immédiatement. Je lui dis de le faire passer dans la salle d’examen.
En effet, notre jeune homme était en mauvaise forme, et pour cause. Il m’annonça, que devant mon refus, il avait décidé de se circoncire lui-même avec des ciseaux. Il baissa son pantalon et, à ma grande stupeur, je vis son pénis enveloppé dans une débarbouillette imbibée de sang. Le prépuce avait été sectionné ainsi que l’artère du frein, le tout saignait abondamment. Il était évidant que je ne pouvais rien faire pour lui à mon bureau. D’autant plus que le prépuce avait été coupé en oblique. Ce qui nécessitait une chirurgie plastique pour remettre le tout dans un dans un état convenable mais certainement inesthétique. Je me contentai de suturer les vaisseaux afin de contrôler l’hémorragie et lui dis de se rendre immédiatement à l’hôpital.
Le lendemain, j’ai rencontré l’urologue qui avait réparé les dégâts. Il m’a dit : « Ton patient qui voulait en avoir une comme les autres ne sera jamais satisfait, car il manquait tellement de tissus que je n’ai pu reconstituer le tout convenablement. Il devra se contenter d’en avoir une qui ne sera jamais imitée. »
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