Gonorrhée
Un capitaine de goélette qui avait navigué sur le fleuve durant toute la saison estivale avait, le moment venu, remisé son petit navire. Pour fêter la fin de son pénible labeur, les longues nuits à faire la vigie à la proue de son navire et le début de ses vacances, il avait passé une nuit avec une prostituée Malheureusement, comme prix de ses bacchanales, il contracta une gonorrhée.
Revenu, dans Charlevoix auprès de son épouse adorée, dont il s’était terriblement ennuyé durant tout l’été, il lui récita probablement ces vers d’Émile Zola ;
« Il est de ces amours, banales et vulgaires,
Qu’un poète menteur drape d’un manteau d’or,
Il est, dans le ciel bleu, des amours mensongères,
Que riment à seize ans les cœurs vides encor,
Mais il est des amours profondes, des tendresses
Qui forcent les amants à se parler tout bas,
Emplissant les baisers de leurs âpres ivresses;
Ces amours, on les vit, on ne les rime pas . »
Malheureusement, en passant aux actes il a, bien malgré-lui, transmis sa gonorrhée à son épouse. Devant ce triste constat, ils décidèrent de se rendre à Québec consulter un médecin.
Arrivés à mon bureau, le mari demande de me voir en premier et seul. Il me raconte sa mésaventure. Me dit qu’il a expliqué à son épouse que l’infection venait d’un contact avec une toilette publique malpropre. Et me demande de ne pas le contredire devant elle.
Après ce petit laïus, il demanda qu’on fasse entrer son épouse dans mon bureau, Alors, il raconte son histoire de toilette publique. Je ne dis pas un mot. Je donne à chacun une injection d’antibiotiques et une prescription pour continuer le traitement à domicile. L’épouse n’a pas dit un seul mot pendant toute la durée de la consultation.
Au départ, elle me remercie en me faisant un clin d’œil qui m’a clairement laissé entendre qu’elle n’acceptait pas l’histoire de la toilette, mais appréciait le traitement. J’ai compris, une fois de plus, que le silence est d’or et peut souvent éviter des catastrophes
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