Au secours d’un malade
Ayant mon bureau près du port de Québec, il arrivait, parfois, que des arrimeurs, me fassent part qu’un capitaine de navire passant devant la ville, demande un médecin à son bord. Un jour, le capitaine d’un gros navire transportant de la marchandise de Montréal vers un port européen, demanda la présence d’un médecin pour examiner un matelot malade.
On me fait la demande, j’accepte, Je me rends au quai des pilotes et monte à bord de la chaloupe à moteur qui assure le transport des pilotes dans le port, et on se dirige vers le pont de Québec, sous lequel le navire venait de passer. On se range le long du navire qui avait ralenti sa vitesse afin de me permettre d’examiner le marin pendant qu’il naviguait devant Québec. Un matelot qui était sur le pont, à environ 25 pieds au dessus de nos têtes, envoie une échelle de corde et un câble qui atterrissent dans la chaloupe. On attache ma trousse médicale au câble et moi je m’agrippe à l’échelle et monte sur le navire où m’attend le capitaine.
Après les salutations d’usage, on se dirige vers la cabine du matelot plaignant. Chemin faisant, le capitaine me dit que le malade se plaint de fortes douleurs à l’abdomen et qu’il veut être hospitalisé, cependant, ajoute-t-il je suis certain qu’il simule toutes ses souffrances dans le seul but de quitter le navire.
Rendus à la cabine du souffrant, le capitaine me le présente et se retire en fermant la porte. Aussi tôt celle-ci fermée, le matelot sort de son lit et se jette à mes genoux et me supplie de le déclarer gravement malade afin qu’il puisse retourner à terre. Cette honteuse démarche m’exaspère au plus haut point. Je lui dis de s’allonger sur le lit. Je prends sa pression artérielle, ausculte son cœur et ses poumons et examine attentivement son abdomen qui, disait-il était le lieu de ses atroces douleurs. Je le palpe en tous sens à la recherche d’une zone douloureuse ou d’une tumeur quelconque : tout est parfaitement normal.
Je me rends à la capitainerie et dit au capitaine qu’il peut faire sa traversée transatlantique sans inquiétude, que je considère que son matelot en parfaite santé, que je n’ai découvert aucune pathologie ou malaise. Évidemment je n’ai pas raconté la dégradante démarche de ce dernier.
En revenant au quai, je me disais : j’en connais un qui va trouver la traversée de l’atlantique plutôt longue.
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